Dimanche dernier, Charles était présent sur le circuit de karting de Fréjus afin de participer à la première course organisée par l'association "Jules Bianchi". A cette occasion, le Monégasque a fait équipe avec ses deux frères et Norman Nato, son ami de toujours.
L'équipe "VIP" s'est élancée en septième position avant de terminer les deux heures de courses à la deuxième place. C'est un peu avant le départ que Charles nous a accordé cette interview que vous pouvez également retrouver sur notre chaîne YouTube, en cliquant sur le lien ci-dessous :
https://youtu.be/BUjTATYOe7Q
CLF : D’abord, félicitations pour ton titre de GP3.
Vraiment, c’était une super saison !
CL : "Merci beaucoup !"
CL : Nous sommes aujourd’hui au circuit de Fréjus. Tu participes à la première course organisée par l’association "Jules Bianchi".
Est-ce important pour toi que de participer à toutes les courses qui sont organisées pour Jules, dans la région ?
CL : "Oui, toutes les courses dans la mesure du possible car je ne suis pas souvent à Monaco. J'essaye, dès que c'est possible, d'y participer et de revoir les copains du karting que j'avais avant. Ce ne sera jamais pareil car Jules n'est plus là mais on peut quand même s'amuser avec son frère Tom, ça nous permet à tous de se revoir et en plus de ça c'est pour Jules donc oui, j'essayerai."
CLF : Une fois de plus, tu feras équipe avec tes deux frères et cette fois, c’est Norman Nato qui sera votre quatrième pilote. A quand une course avec Fred et moi ? « Team CLF », ça sonne bien non ?!
CL : (Rires) "Je ne sais pas, quand on en aura l'occasion !"
CLF : Plus sérieusement, parlons de ta saison 2016.
La dernière fois que l’on s’est vus, c’était à Hockenheim, pour la finale de la F3. Depuis, tu es devenu pilote Ferrari, pilote Haas, pilote ART GP et Champion de GP3. Raconte-nous ton année en quelques mots.
CL : "L'année s'est très bien passée ! Je pense que c'est de loin, ma meilleure saison en sport automobile. J'ai conduit une Formule 1 pour la première fois, une Ferrari en plus, j'ai participé à ma première séance d'essais libres, j'ai gagné mon premier titre en monoplace donc il y a eu vraiment beaucoup de choses qui ont fait que cette année a été incroyable pour moi. C'est vraiment une saison inoubliable. Le début de championnat a été incroyable, nous avons eu deux ou trois courses qui ont été un peu plus difficiles en milieu d'année, même si nous terminions toujours dans le TOP5. A ce moment-là je ne me battais pas toujours pour la victoire mais la fin de saison a été aussi belle que le début donc une très bonne saison pour moi."
CLF : Première course en GP3 et première victoire. Était-ce important de montrer, tout de suite, à qui ils avaient à faire ?
CL : "C'est clair que ça fait du bien de partir avec une victoire. Nous savions que nous allions être rapides mais il y a toujours une part de doute parce que certaines équipes ont cachent leur jeu. C'était une bonne surprise, nous avons continué à travailler tout au long de la saison et ça s'est très bien passé."
CLF : L’an dernier, tu pêchais un petit peu sur les départs mais cette année tu t’es vraiment bien amélioré. Je pense par exemple à la course 1 de Barcelone.
Est-ce un point sur lequel tu as travaillé, tant en essais hivernaux, qu’au simulateur ?
CL : "Non, c'est très difficile de travailler les départs au simulateur puisque les outils du simulateur ne sont pas encore assez précis pour nous donner le même ressenti que dans la voiture. C'est très différent de l'année dernière puisque l'embrayage était au pied et là il est à la main. Je n'ai pas eu que des bons départs, j'en ai eu en début d'année, en milieu un peu moins, je pense que ça reste toujours mon point faible mais c'est déjà mieux que l'année dernière. Mes départs en GP2 avaient l'air plutôt bons donc j'espère que ça ira encore mieux l'année prochaine."
CLF : En début de saison, nous nous attendions plus à un duel Leclerc-Fuoco (même si nous savions qu’Albon allait être rapide), plutôt qu’à un duel Leclerc-Albon. Est-ce que toi aussi tu as été surpris qu’un redoublant, peine à remporter le titre ?
CL : "Fuoco s'est quand même battu jusqu'à l'avant-dernière course mais par contre, je n'ai pas du tout été surpris par la rapidité d'Alex.
Je m'attendais à ce qu'il soit devant tout de suite et je l'ai toujours dit à l'équipe. Je pense que c'est vraiment un très bon pilote mais aussi le meilleur coéquipier que je n'ai jamais eu. Le plus difficile à battre en tout cas. C'était une année difficile, il a fait du très bon travail mais encore une fois, je m'attendais à ce qu'il soit rapide dès le début de saison."
CLF : Au fil de la saison on a pu voir que tu t’entendais aussi bien avec l’un qu’avec l’autre. Finalement, on est bien loin de l’atmosphère tendue que l’on a pu voir entre Hamilton et Rosberg. Tu arrives quand même à être ami avec tes rivaux ou c’est juste une entente cordiale ?
CL : "Ami c'est difficile mais c'est vrai qu'avec Alex (Albon) et Nirei (Fukuzumi) on l'a presque été. On était vraiment proches en dehors de la voiture mais après, une fois dans la voiture, c'est bien sûr très différent.
Ce sont deux personnes que j'apprécie beaucoup en tout cas."
CLF : En fin de saison, il y a eu deux belles boulettes chez ART GP.
D’abord c’est Fukuzumi qui te sort à Monza, puis c’est de Vries qui fait presque pareil à Sepang. Tu aurais été en faveur d’éventuelles consignes d’équipes pour éviter ça ? Et il y en a eu ?
CL : "Non pas du tout. Je ne pense pas que ce soit quelque chose de positif pour le sport. Je ne pense pas que ce soit une erreur de l'équipe non plus mais une erreur des deux pilotes. Ils sont tous les deux venus s'excuser, ça arrive à tout le monde, c'est comme ça. Le plus important c'est que j'ai quand même remporté le championnat."
CLF : Et puis la délivrance à Abu Dhabi. Raconte-nous la course 1.
CL : "C'était une course très spéciale ! J'ai appris [...] enfin j'ai vu surtout, au douzième ou treizième tour que Albon avait abandonné et donc que j'étais champion. Il fallait que je reste calme dans la voiture parce que la course n'était pas finie mais j'ai pu prendre le risque d'attaquer la troisième place de Ferrucci. Durant toute l'année ça a été un peu chaud avec lui, c'est comme ça. Je n'aurais jamais pris ce risque si Alex (Albon) n'avait pas abandonné. Comme le championnat était déjà gagné, j'ai décide de le faire."
CLF : Comment tu as abordé ce week-end ? Avec beaucoup de calme et de sérénité ou au contraire, avec beaucoup de stress et un peu de peur aussi ?
CL : "Avec beaucoup de calme et de sérénité. C'est là où j'ai eu le plus de pression, c'est certain, puisque c'est la course qu'il fallait gagner mais j'ai essayé d'être le plus calme possible."
CLF : Cette semaine, tu as effectué tes premiers essais en GP2 avec ta nouvelle écurie : Prema Racing. Peux-tu nous dire comment ça s’est passé et quelles sont tes premières impressions au volant ?
CL : Très bonnes ! L'équipe est au top et elle est très sérieuse. C'est un peu comme si c'était une équipe bis d'ART GP. Au niveau de l'organisation, des personnes, ils sont vraiment au top. Les essais se sont très bien passés. Nous avons été rapides dès le premier jour mais c'est difficile de juger à quel point puisqu'il y avait aussi beaucoup de trafic.
C'était dur de faire un tour clair mais ils étaient très contents de moi et je suis très heureux de faire parti de cette équipe. Nous étions plutôt bons dans les simulations de course même si nous ne savons pas les quantités d'essence embarquées par chacun. Le principal c'est que l'équipe, comme moi, sommes très contents."
CLF : L’an prochain, j'imagine qu'il y a une course que tu ne voudrais rater pour rien au monde [...]
CL : "Oui, Monaco !"
CLF : Si on fait le tour de piste virtuel, quelle(s) image(s) te viennent lorsque tu penses à certains virages ?
CL : "Déja il y a la ligne de départ. C'est là où je prenais le bus pour aller en cours donc c'est quelque chose de spécial. Premier virage, c'est là où mes parents se sont mariés, dans la montée il y a les termes, c'est là où je vais m’entraîner physiquement, ils me soutiennent toute l'année. Ensuite il y a le Casino, c'est là que travaille mon frère, plus bas il y a la plage où je vais chaque été, sur le port il y a quelques bateaux qui sont à mes amis. Un peu plus loin il y a mes restaurants préférés et voilà, le tour est fini."
CLF : Tu as donc roulé en GP3, testé une GP2 et deux Formule 1.
Quelles sont les différences en terme de sensations ?
CL : "Il y a tout qui change ! La Formule 1 c'est très très puissant et le couple est vraiment impressionnant comparé à toutes les catégories que j'ai essayé auparavant. La GP2 c'est très rapide en vitesse de pointe mais le couple est complètement différent. La différence est énorme. Entre ces trois voitures, l'appui aérodynamique change beaucoup et le style de conduite aussi. Je dirais que la Formule 1 et la GP2 sont assez similaires en terme de conduite alors que la GP3 est assez différente. Il faut renter tranquillement dans les virages pour privilégier la sortie. En Formule 1 et en GP2 il faut plus attaquer et ça, c'est ce que j'aime !"
CLF : Cette semaine, on a pu voir la livrée Ferrari sur ta voiture.
Est-ce qu’elle est définitive et est-ce qu'elle te plait ?
CL : "Non, elle n'est pas définitive. Elle est jolie mais celle de l'année prochaine sera encore plus belle !"
CLF : Est-ce qu'il y aura des nouveautés sur ton casque en terme de design ou de motifs ?
CL :"J'aimerais faire une montre sur le haut du casque mais à part ça, pas de gros changement, non."
CLF : Est-ce que tu peux nous parler du travail que tu as effectué chez Haas et nous dire si tu auras encore l’occasion de rouler pour eux en 2017 ?
CL : "Sur le travail que nous avons fait, il s'agissait surtout de me faire progresser, pour me donner de l'expérience en Formule 1. J'ai essayé de les mener dans la bonne direction lors des FP1 pour qu'ils préparent au mieux les FP2 et ils ont été très contents de moi. Pour ce qui est du roulage avec eux c'est Ferrari qui s'en occupe, moi je préfère ne pas trop m'en occuper donc quand ils auront décidé, il me le feront savoir."
CLF : Ça ne te gênera pas de faire des FP1 en même temps que ton championnat GP2 ?
CL : "Ce sera très difficile parce que les week-ends sont différents. Le GP2 roule juste après la Formule 1 et je n'aurais pas le temps de débriefer. Peut-être sur des circuits où le GP2 ne cours pas, j'espère en tout cas."
CLF : Ma dernière question est une question de logique.
En 2006, tu es Champion PACA Minikart avec le numéro 1.
En 2016, tu es Champion GP3 avec le numéro 1.
En 2017, tu auras le numéro 1 sur ta voiture [...]
CL : J'ai en effet demandé le numéro 1 à l'équipe, je pense l'avoir, on verra si l'équipe le confirme."
CLF : Donc, Charles Leclerc Champion GP2 en 2017 ?!
CL : "J'espère !"
CLF : Merci beaucoup et on se revoit l'année prochaine.
CL : "Merci !"
Photo : Marilyne Thomas