Si les antennes de Canal + ont évoqué un Charles Leclerc "en perte de vitesse", permettez-nous de dire que nous ne sommes pas du tout d'accord avec eux et nous avons quelques explications.
Commençons avec les statistiques brutes : 6 partout en qualifs et 8 à 4 pour Vettel en course.
Les qualifications (6 à 6) :
Si le début de saison a été compliqué pour Charles, il a récemment expliqué qu'il souhaitait se référer à ses ingénieurs plutôt que de dicter ses exigences. Humble et bien éduqué, il faisait toute confiance à une écurie du standing de Ferrari en matière de réglages. Finalement, après avoir changé d'approche après le Grand Prix du Canada, il est revenu de 6 à 1 en sa défaveur à 6 à 6 après le Grand Prix de Hongrie. En un peu moins d'un mois et demi, Charles a remis les pendules à l'heure et a rétabli une égalité parfaite avec son coéquipier.
Les courses (8 à 4) :
Avant toute chose, il faut se souvenir des consignes d'équipes du début de saison : lors des trois premières courses, Ferrari lui a demandé de rester derrière Vettel à trois reprises. Charles a obéi par deux fois et quand il ne l'a pas fait, il est passé à deux doigts de la victoire à cause d'un problème mécanique. A l'aube du Grand Prix d’Azerbaïdjan, le score aurait pu être de 3 à 0 pour Charles. Là-bas, il a commis sa première grosse erreur de la saison avec un accident inutile en qualification. Là, il était évident que tout était de sa faute. Il ne l'a d'ailleurs jamais nié.
A Barcelone, les rouges terminent à deux secondes l'un de l'autre mais à des années lumières des Mercedes. A Monaco, Ferrari fait une énorme erreur en Q1, préférant ce focaliser sur Vettel qui était à un dixième de l'élimination. Finalement, à force de miser sur un seul pilote, c'est Charles qui en a fait les frais. Il a donc tenté une remontée rapide en course mais le rail de sécurité de la Rascasse lui a dit stop. Sur ce Grand Prix-là, les torts sont partagés.
Au Canada, Charles était un peu moins rapide que Vettel mais il n'était pas très loin non plus. A partir du Grand Prix de France, il a pris les choses en main au niveau de ses réglages et a terminé trois fois devant Vettel en trois courses.
Tout a basculé en Allemagne puisque Charles s'est sorti dès son premier tour en slicks, surpris par la pluie qui reprenait. Signalons que 5 pilotes se sont faits piéger à cet endroit-là dont Lewis Hamilton. C'est une petite erreur aux conséquences très lourdes puisqu'il était en lice pour la victoire. En Hongrie, il s'en est fallu d'un rien pour qu'il termine devant Vettel mais il a trop usé sa gomme, ce qui l'a rendu vulnérable en fin de course.
En résumé :
Australie : Derrière Vettel (consignes)
Bahrein : Devant Vettel (malgré un souci mécanique)
Chine : Derrière Vettel (consignes)
Baku : Derrière Vettel (crash en qualif)
Barcelone : Derrière Vettel
Monaco : Crash (qualif gâchée par Ferrari)
Canada : Derrière Vettel
France : Devant Vettel
Autriche : Devant Vettel
Grande-Bretagne : Devant Vettel
Allemagne : Derrière Vettel (crash)
Hongrie : Derrière Vettel (usure des pneus trop importante).
S'il n'y avait eu aucune consigne d'équipe, le score serait probablement de 8 à 6 en faveur de Vettel et si Ferrari n'avait pas raté les qualifications de Charles à Monaco, il n'aurait pas été obligé de prendre autant de risques comme il l'a fait. Bien qu'on ne puisse pas refaire l'histoire, dire qu'il est en perte de vitesse est totalement faux. Charles n'a qu'une saison et demie à son actif (Vettel en a 13) et il fait quasiment jeu égal avec lui alors qu'il dégrade d'avantage ses pneus. Laissons-lui du temps et lorsqu'il aura l'expérience nécessaire au sein d'un top team, attendez-vous à de grandes choses !
Le championnat :
Cette saison, Charles compte 2 abandons, contre 1 pour Vettel et Bottas. Hamilton et Verstappen ont pour leur part fini toutes les courses dans les points. C'est ce qui explique son retard.
Sur l'ensemble de sa carrière en monoplaces, soit 130 courses, il n'a abandonné que 16 fois, dont 4 où il était totalement responsable. Son taux d'abandon depuis ses débuts en Formule Renault est donc d'un peu plus de 12 % seulement.
Nous sommes tous pressés de le voir gagner sa première course en F1 mais tout vient à point à qui sait attendre. S'il doit faire des erreurs, autant qu'il les fasse une année où ni lui ni Ferrari ne joue le titre, plutôt que de les faire lorsque ça comptera vraiment, comme Vettel entre 2016 et 2018.
Enfin, sa situation est quand même très loin de celle de Pierre Gasly par exemple : il n'a jamais terminé à un tour de Vettel. Chez Ferrari, les deux voitures marquent souvent de gros points tandis que chez Red Bull, le switch Gasly-Albon devra absolument porter ses fruits dès Spa-Francorchamps s'ils veulent espérer décrocher la deuxième place des constructeurs.
Photo : lessportsplus.dhnet.be
Bonne analyse, je reste confiant envers ses compétences et son talent. Un peu plus de pratique et la victoire suivra. Il a un tempérament de vainqueur et son image est super !