Les montagnes russes se poursuivent tout au long de cette saison 2022. Après la troisième victoire de Charles en Autriche, le Monégasque laisse ses supporters sans voix au Castellet en abandonnant pour la troisième fois en menant un Grand Prix. Pour le dernier rendez-vous avant la trêve estivale, le paddock se rend en Hongrie, plus précisément dans la banlieue de Budapest, pour une course qui n'a jamais vraiment sourit à Charles, où il signe son meilleur résultat en 2019 (quatrième place).
A soixante-trois points de Verstappen, Ferrari et Charles n'ont plus vraiment le droit à l'erreur. La météo capricieuse prévue pour ce dernier week-end de juillet ne fait qu'exalter les passions autour d'une potentielle domination des Rouges. La F1-75 est dominatrice depuis le début de saison dans les virages lents et à moyenne vitesse, caractéristique principale du "tourniquet hongrois".
Vendredi, les deux pilotes de la Scuderia Ferrari s'illustrent à tour de rôle dans les deux premières séances d'essais libres. En effet, si Carlos Sainz ouvre le bal, Charles confirme la bonne tenue de route de la monoplace l'après-midi. Le rythme de course avec les pneumatiques à flanc jaune laisse par ailleurs bouche bée Helmut Marko. Tout cela laisse un bon présage pour la course qui est essentielle au maintien des espoirs tifosi. La surprise du vendredi vient de McLaren qui semble à l'aise, à l'inverse des Haas (malgré les évolutions aérodynamiques présentes sur la voiture de Magnussen).
Samedi midi, la physionomie du reste du week-end est, comme annoncée, totalement remise en cause. Des trombes d'eau s'abattent sur le Hungaroring. Toutefois, les écuries sont contraintes de prendre la piste lors de la troisième séance d'essais afin d'emmagasiner un maximum de données pour les qualifications qui sont elles aussi prévues sous la pluie. Malgré un joli 360° de Charles, le Monégasque semble au-dessus de la concurrence sur les pneus pluie (à flanc bleu). Jusqu'à la toute fin de la session, il devance ses dix-neuf autres camarades. Mais, et ce sera l'image drôle du week-end, c'est Nicholas Latifi qui signe le meilleur temps en pneus intermédiaires, Albon étant troisième juste derrière Charles. Cela n'est toutefois pas à réellement prendre au sérieux, tant les conditions de piste sont changeantes.
Les qualifications commencent et le ciel est extrêmement menaçant, mais les monoplaces s'élancent en pneus à bandes rouges. Les deux Ferrari ne sortent qu'à mi-session pour économiser un train de gommes. Il est surprenant de voir les Mercedes placer ses deux voitures devant les Red Bull et les Ferrari. Au bout des dix-huit minutes de la Q1, Charles ne se classe que huitième, sans avoir réellement forcé…
En Q2, Perez perpétue son relatif déclin par rapport au début de saison plus que prometteur. Il échoue à la onzième position, après avoir légèrement été gêné visuellement par Magnussen. De son côté, Charles rectifie le tir et se classe deuxième, à seulement soixante-cinq millièmes de Verstappen. Une chose est sûre : la piste étant très complexe à analyser par les écuries, Ferrari n'est clairement pas assurée de placer le cheval cabré en Pole Position. Alonso, Norris et les Mercedes sont très rapides et accompagnent Verstappen dans la lutte.
La Q3 en Hongrie constitue une des plus belles séances de qualifications de la saison. Le suspens est total et les acteurs subliment un scénario qui maintient en haleine les spectateurs. Après les premières tentatives, Sainz montre qu'il est de plus en plus en confiance avec la F1-75. L'Espagnol relègue Russell et Charles à plus de quatre dixièmes ! Verstappen s'est quant à lui loupé au deuxième virage, ne signant alors que le septième temps. Les ultimes secondes nous autorisent à rêver d'une dix-septième Pole du Monégasque mais ce dernier échoue à moins de deux dixièmes de Carlos Sainz. Dans le face-à-face en interne en qualifications, l'Ibérique reste en ballotage très défavorable puisqu'il est mené 10 à 3. Verstappen est contraint à avorter sa tentative suite à un perte de puissance de son moteur. Il termine dixième et va devoir se démener lors de la course pour revenir sur Charles. Son écurie tire profit de la malchance de son champion pour changer l'unité de puissance des deux voitures, et ce toujours dans la limite du règlement : il n'y a donc pas de pénalité. C'est au final George Russell qui devient le cent cinquième Poleman de l'histoire de la Formule 1 en battant Sainz pour quarante-quatre millièmes. La Mercedes n'était nulle part vendredi mais réalise tout de même une très belle performance.
Classement des qualifications :
Réaction de Charles après sa troisième position lors des qualifications :
"Je suis au courant que Max a eu des soucis mais je préfère me concentrer sur moi-même. J'aurais aimé être en pole et je n'y suis pas. Ce n'était pas une bonne journée car j'ai eu du mal avec les pneus, à les mettre dans la bonne fenêtre d'utilisation et à tout mettre bout à bout. Cependant, nous avons montré que nous avions le rythme et je suis certain que nous remonterons. Je ne m'affole pas mais je dois juste comprendre pourquoi ça n'a pas fonctionné aujourd'hui. Les réglages étaient plutôt bons et je sentais que j'avais une marge. Je ne sais pas ce qui s'est passé en Q3. Les températures ont changé et pour moi ça a beaucoup changé. Demain je suis sûr que nous serons plus forts. Je ne sais pas si nous reverrons la même Ferrari qu'hier mais la course sera longue et il ne faudra éviter les mauvaises surprises."
Dimanche, la météo est relativement mauvaise : beaucoup de vent, des nuages venant du Nord du circuit et une piste à nouveau lavée par de la pluie tombée le matin. De notre côté, on sent une atmosphère particulière, avec l'arrivée probable de la pluie qui risque de changer beaucoup de choses.
Les deux Ferrari partent en gommes jaunes contrairement à Russell, Norris et Verstappen qui partent en pneus rouges. Mais c'est avant le départ que le Grand Prix commence puisque la pluie commence à tomber !
Au départ, Charles garde sa troisième position, tout comme Sainz et Russell. Une VSC est déclenchée pour enlever des débris provenant de la Williams d'Albon. Au moment du drapeau vert, Russell parvient par on ne sait quel moyen à gagner deux secondes sur Sainz. Les premiers tours de piste ne voient pas d'écart se creuser entre les pilotes. Quant à Verstappen, il entame une remontée logique mais embêtante dans l'optique du championnat et dépasse les deux Alpine relativement facilement. Les ingénieurs se ravisent par ailleurs et annoncent la pluie à la fin du premier tiers de la course.
Alors que Verstappen se plaint de sa monoplace, Charles demande avec diplomatie si Sainz peut aller plus vite. Les trois leaders se rapprochent et la stratégie de Ferrari avec les pneus mediums semble être plus efficace que celle de Russell. Le Britannique entre aux stands et ressort sixième, Sainz le suit au tour suivant pour un deuxième train de gommes jaunes. Charles, nouveau leader au dix-huitième tour, maintient un rythme élevé, bien plus qu'Hamilton mais est le dernier à encore devoir s'arrêter.
Au vingt-deuxième tour, Charles est aux stands et ressort deuxième, devant Sainz et à moins de trois secondes du Britannique Russell. Pas besoin de swap, Charles a pris le dessus sur son coéquipier et creuse rapidement l'écart.
Au début du vingt-septième tour, Charles a le DRS sur Russell et la première attaque du Monégasque intervient dès le tour suivant sans réussite. La bataille est très belle entre les deux amis mais Sainz et surtout Verstappen en profitent pour combler l'écart. Au trente-et-unième tour, Charles réussit un freinage phénoménal sur Russell au virage 1 et peut désormais s'envoler ! A mi-course, le Monégasque devance la Mercedes de trois secondes alors qu'il annonce à son ingénieur qu'il sent la pluie arriver.
Au trente-neuvième tour, Verstappen provoque une nouvelle vague d'arrêt, et Charles chausse des gommes dures (qui ne fonctionnaient pas sur les Alpine). Le tour suivant, Max Verstappen mange littéralement Charles. Toutefois, une erreur dans l'avant dernier virage du Néerlandais laisse une nouvelle chance au Monégasque ! La piste devient de plus en plus glissante, les pilotes s'en plaignent. Verstappen dépasse à nouveau son rival au quarante-cinquième tour et l'écarte de toute possibilité d'utilisation du DRS.
La pluie arrive au cinquante-et-unième tour, permettant un nouveau retournement de situation. Trois tours plus tard, Charles ne peut que regarder Russell le dépasser pour le gain de la deuxième position. Il rentre à la fin du tour et ressort sixième. La stratégie est complètement manquée, la gomme blanche était à proscrire totalement, mais le Monégasque ne disposait plus de gommes jaunes neuves… Et puis le niveau de Verstappen et son rythme de course est simplement étonnant, ne laissant que des miettes à ses concurrents.
La fin de course est à l'avantage des pilotes Mercedes qui confirment leur renaissance et qui montent tous les deux sur le podium, Hamilton devant Russell. Chez Ferrari, le rythme en pneus rouges est décevant, tout comme l'ensemble de la stratégie. Le second arrêt du leader du championnat a complètement perturbé les stratèges de Maranello. Une attente trop longue de la pluie a aussi pu complexifier les réflexions. Une VSC provoquée par l'abandon de Bottas achève les espoirs de remontée pour Charles qui termine sixième du Grand Prix et voit son retard s'accentuer de treize points. Sur les huit dernières courses, Charles n'est montée qu'une seule fois sur le podium, en Autriche.
Classement à l'arrivée du Grand Prix d'Hongrie :
Top 5 du championnat pilotes :
01. M. Verstappen : 258 points
02. C. Leclerc : 178 points
03. S. Perez : 173 points
04. G. Russell : 158 points
05. C. Sainz : 156 points
Classement des constructeurs :
01. Red Bull : 431 points
02. Ferrari : 334 points
03. Mercedes : 304 points
04. Alpine : 99 points
05. McLaren : 95 points
06. Alfa Romeo : 51 points
07. Haas : 34 points
08. Alpha Tauri : 27 points
09. Aston Martin : 20 points
10. Williams : 3 points
Déclaration de Charles après la course :
"Je n'ai aucune explication pour l'instant. Je vous avoue que même moi, je ne sais pas trop quoi dire. [Il réfléchit un moment] Il va falloir que l'on regarde mais c'est difficile [...] les pneus médiums étaient très bien, nous étions plutôt rapides, ils étaient encore assez neufs et j'ai dit à la radio que j'étais assez confiant sur le fait de continuer avec. Pourtant, ils m'ont mis les durs pour couvrir la stratégie de Max qui était en médiums et c'était un carnage. On s'est de nouveau arrêté, cette fois pour mettre les tendres. C'était un long relais enfin bref [...] je n'ai pas trop de réponses pour le moment. Pourtant, la stratégie du départ était plutôt bonne. Nous sommes parti en médiums et je pensais vraiment aller le plus loin possible avec le deuxième train de médiums, j'avais un bon ressenti avec, ils étaient bien [...] je ne comprends pas. Très honnêtement, on ne peut pas espérer gagner le championnat en faisant des courses comme ça. Je ne sais pas trop quoi dire, j'espère que la deuxième moitié de saison nous sourira un peu plus mais on doit s'améliorer."
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Photo : Media Ferrari