Une semaine après un bon Grand Prix de Las Vegas pour Ferrari mais pas assez rémunérateur en termes de points dans la lutte pour le championnat constructeur, McLaren et Ferrari se retrouvent à l'autre bout du monde, au Qatar. Un tiers du retard a été repris, mais avec vingt-quatre points d'avance, les Britanniques ont leur destin entre leurs mains. Au Moyen-Orient, les Rouges ont l'occasion de renverser la vapeur et de remporter le premier titre depuis 2008.
L'an dernier, Charles avait connu un week-end difficile : une course Sprint hors des points suite à une pénalité pour franchissements des limites de piste et une cinquième place dimanche, à quarante secondes du vainqueur Max Verstappen, alors tout juste auréolé de son troisième titre de champion du monde.
Cette année encore, les pilotes et les écuries doivent gérer un format Sprint. Au terme de l'unique séance d'essais libres, Charles parvient à placer sa monoplace en haut de la feuille des temps, en repoussant les deux McLaren et son coéquipier à plus de quatre dixièmes. Les espoirs sont permis et les observateurs soulignent le travail de Maranello en une année, les virages à haute vitesse sont devenus une force alors que c'était une faiblesse en 2023.
Les qualifications Sprint, dans un format désormais connu des supporters (pneus imposés et temps réduit), ont lieu vendredi soir avec une température fraîche. Si Charles et Carlos accrochent le wagon couleur papaye en SQ1, Norris et Piastri sont trop rapides pour eux. Même George Russell, en très grande forme en cette fin de saison, parvient lui aussi à se classer devant les deux SF-24. Vasseur explique ce retard par le gain d'adhérence de la piste qui augmente aussi le problème de sous-virage.
Samedi, Sainz part quatrième et Charles cinquième. Au départ, Hamilton dépasse Charles suite à un premier virage musclé, Piastri dépasse Russell pour la deuxième position. L'ensemble de la course n'est rythmée que par ces quatre pilotes. En effet, George tente plusieurs fois de doubler l'Australien au premier virage mais la caractéristique du circuit rend la manœuvre très complexe. Au treizième tour, Charles prend la seule opportunité dont il dispose pour attaquer son prochain coéquipier chez les Rouges. Il surprend le septuple champion du monde par l'intérieur et tient bon, jusqu'au contact. Dans le second virage, le Monégasque emmène suffisamment de vitesse pour tenir l'extérieur et finalement récupérer la cinquième position. A coup sûr le dépassement du week-end. A noter le joli coup de Norris, qui rend la pareille à son homologue australien par rapport à la course Sprint au Brésil en lui cédant la victoire dans l'ultime ligne droite, le tout en gardant Russell derrière lui. Cela s'est joué à quelques dixièmes de secondes et même si on peut critiquer son choix, l'exécution est impeccable. Au terme des dix-neuf tours de course, McLaren pointe à trente points de Ferrari, avec seulement 88 points encore disponible.
Lors de l'exercice des qualifications samedi en fin de journée, Charles tient la dragée haute malgré les difficultés de la SF-24 avec les conditions nocturnes de Losail. Il y a toutefois trois dixièmes de retard en fin de Q2 sur un Verstappen qui semblait aux aboies lors des qualifications shootout. En Q3, Charles réalise deux tours qu'il qualifie lui-même de très bons, sans grandes marges de progression. Malheureusement, les deux McLaren ainsi que Russell et Verstappen le devancent. Sainz est quant à lui septième, derrière Lewis Hamilton. Plus de trois heures après les interviews d'après séance, la direction de course annonce la rétrogradation du quadruple champion en seconde position au profit de l'homme fort de Mercedes. En effet, il est reconnu coupable d'une conduite trop lente et de l'avoir gêné. Une pénalité étrange puisqu'il est rare de constater une seule place de pénalité en règle générale...
Grille de départ du Grand Prix du Qatar (avant la pénalité d'une position de Verstappen) :
Dimanche, Charles et les dix-neuf autres pilotes se préparent à une course éprouvante, à l'instar de l'édition 2023. Il n'y a pas pour autant d'obligation de passage aux stands mandatée par Pirelli. Charles et Carlos s'élance du bon côté de la piste, chose qui doit les satisfaire. Tous les pilotes sauf Hulkenberg optent pour la gomme medium.
Au départ, Charles effectue un excellent envol, qui lui permet de voir le mauvais de Lewis. Il attaque directement Piastri par l'extérieur et termine une nouvelle manœuvre de grande classe au virage 2. Derrière, plusieurs accidents impliquants les deux Williams, mais également Ocon, Hulkenberg et Stroll. Une Safety Car est logiquement sortie pour calmer le jeu. Verstappen et Norris ont quant à eux pris le meilleur sur Russell qui a directement perdu le bénéfice de la Pole Position.
A la relance, Charles se fait avoir par Piastri et est dépassé et est sous la menace de Sainz. Les quelques tours suivants sont dans un premier temps décevants pour Ferrari, relayés à plus de trois secondes. Mais il est décidé par les ingénieurs de rouler à l'économie sur ce premier relais, avec pourquoi pas l'option d'une stratégie à un seul arrêt. Si Charles réalise un meilleur tour en course lors de la quatorzième boucle permettant ainsi de décrocher Sainz, les espoirs de titre constructeur deviennent de plus en plus hypothétiques. Le Monégasque a beau s'inquiéter d'une éventuelle crevaison, il revient très progressivement sur Piastri, alors que le cap du tiers de la course a été passé.
La valse des arrêts aux stands débute avec Russell à la fin du 23e tour. D'une durée de sept secondes, les espoirs de podium s'évanouissent pour le Britannique. Les ingénieurs de Charles sont déjà au courant et vont tout faire pour en profiter. L'économie réalisée en début de course porte ses fruits car les meilleurs en tours personnels s'enchaînent.
A cause d'un rétroviseur perdu par Williams, Hamilton et Sainz ont subi une crevaison. C'est une réelle honte de la part de la direction de course qui n'est pas intervenu durant plusieurs tours ! Une voiture de sécurité intervient bien trop tard pour regrouper tout le monde. C'est terrible pour la lutte aux constructeurs. Charles a gagné une place dans ce cafouillage général et est désormais sur une troisième place provisoire.
A dix-huit tours de l'arrivée, Verstappen relance les fauves. Norris l'attaque au premier virage, Piastri attaque Charles, mais malgré tout les positions restent inchangées. Perez part en tête-à-queue comme un grand et Hulkenberg se plante dans le bac à graviers. Une nouvelle Safety Car est logiquement déployée.
Pour la troisième fois de l'après-midi, le Néerlandais libère les quinze pilotes restants. Cette fois, Charles tente sur Norris, sans succès. Le point de bascule du GP pour Ferrari provient du bureau des commissaires. Norris, pour ne pas avoir ralenti sous drapeau jaune dans la ligne droite des stands (lors de l'épisode du rétroviseur) écope d'une pénalité de dix secondes de "stop and go". Charles récupère donc les dix-huit points provisoires de la deuxième place. Aux prises avec Gasly depuis la relance, Sainz se doit de doubler le Français pour maximiser le résultat, chose qu'il ne parvient pas à faire.
A l'arrivée, Verstappen signe une neuvième victoire cette année, devant un Charles Leclerc irréprochable et Oscar Piastri. Gasly est cinquième devant Sainz. Norris termine dixième avec le point du meilleur tour. A noter la huitième place de Zhou qui ouvre le compteur de points de Sauber.
Au classement constructeur, Ferrari revient à 21 points et va pouvoir prendre tous les risques à Abu Dhabi. Charles revient à huit points de Norris pour le titre honorifique de vice-champion du monde.
Notes de CLF :
Fred : 13 | Franck : 14 | Raphaël : 11 | Cédric :
TOP 5 du championnat pilotes :
01. M. Verstappen : 429 points
02. L. Norris : 349 points
03. C. Leclerc : 341 points
04. O.Piastri : 291 points
05. C. Sainz : 272 points
Classement des constructeurs :
01. McLaren : 640 points
02. Ferrari : 619 points
03. Red Bull : 581 points
04. Mercedes : 446 points
05. Aston Martin : 92 points
06. Alpine : 59 points
07. Haas : 54 points
08. RB Visa Cash App : 46 points
09. Williams : 17 points
10. Stake Sauber : 4 points
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Photo : Media Ferrari