F1 2022 : ce qu'il faut savoir sur le règlement technique

La pause hivernale touche tranquillement à sa fin et une nouvelle saison pleine de surprises, notre onzième avec Charles, arrive. Il est donc temps pour nous de vous présenter le règlement technique de 2022 et il est important car c'est un changement majeur dans l'histoire de la F1. Après l'inauguration des moteurs hybrides en 2014, c'est un nouveau changement drastique qui arrive cette année avec pour objectif de rendre les voitures moins sensibles aux perturbations aérodynamiques pour favoriser les dépassements.
Avant de rentrer dans les détails, sachez qu'en 2021, le pilote qui était à 20 mètres de la voiture qui le précédait perdait 35% de son appui et 46% (ce qui est énorme) lorsqu'elle était à 10 mètres. En 2022, il ne devrait perdre que 4% lorsqu'il sera à 20 mètres et 18% à 10 mètres.

L'avant de la voiture :
On commence évidemment par le plus gros changement visuel à savoir : l'aileron avant. Il est plus gros que ce que l'on a connu jusque là et son ouverture est plus importante, puisqu'elle passe de 11° à 21°. En somme, la forme en V sera plus orienté vers l'arrière que l'an passé. Ce nouvel aileron est composé au maximum de quatre éléments (contre cinq l'an passé) qui devront être fixés au nez de la voiture. De cette façon, on réduit les effets de vortex, qui créaient un air très perturbé pour la voiture suiveuse. A l'extrémité de l'aileron, sachez que la dérive qui remonte peut être inclinée vers l’extérieur ou l’intérieur avec un angle ne pouvant dépasser 10°. Pour l'instant, les quatre écuries ayant présenté leur monoplace ont un aileron à angle droit. Cela variera sûrement en fonction des circuits.

Derrière l'aileron avant, on retrouve un deuxième changement majeur : les pneus. Avec le passage aux jantes de 18 pouces, l’intention est d'avoir des pneus moins sensibles à la température et de permettre aux pilotes de rouler avec plus de rythme pendant les relais. Attendons de voir ce que cela donnera car ce sera l'un des gros points clés de cette année.
Après avoir été bannies en 2010, les flasques lenticulaires des roues font leur grand retour. Cette fois-ci, le design est uniforme et elles tourneront avec la roue. La FOM pense aussi à y placer des LED afin qu'elles donnent aussi des informations aux spectateurs, un peu comme c'est déjà le cas avec les incrustations vidéos sur le halo lors des caméras embarquées. Du côté des dimensions, le pneu passe d'un diamètre de 660mm à 720mm tandis que sa largeur est inchangée.

Le centre de la voiture :
La première chose à savoir, c'est l'interdiction des bargeboards. Ils créaient beaucoup d’air sale et leur efficacité était diminuée lorsqu’une voiture se retrouvait dans le sillage d’une autre. Seules de petites ailettes sont autorisées sur l'intérieur des roues avant. Cela devrait permettre de réduire les perturbations aérodynamiques créées par les pneus lorsqu'ils tournent. Signalons que les écopes de freins ont maintenant un volume maximal autorisé. Elle ne pourront plus être utilisées comme des éléments générant de l'appui.

Sous la voiture :
Commençons par ce que l'on appelle le soubassement, c'est-à-dire la partie qui est sous la voiture. L’entrée est beaucoup plus grande et elle est divisée en plusieurs petits couloirs (fini le fond plat) tandis que la sortie est agrandie et relevée. Résultat, le diffuseur va rejeter son air sale plus haut, ce qui sera moins perturbant pour les voitures qui suivent. Avec ces changements, nous devrions moins voir de voitures piquées sur l'avant (type Red Bull) puisqu'elles auraient plus de mal à gérer tout le flux d'air qui passe sous la voiture.
Avec l'accentuation de l'effet de sol (l'aspiration sous la voiture), il a donc été décidé de simplifier les ailerons, pour réduire les perturbations aérodynamiques. L'année dernière, les voitures avaient un soubassement relativement plat avec un effet de sol modéré. Cette année, le fond plat sera composé de deux tunnels (un sous chaque ponton), augmentant nettement l'aspiration sous la voiture par rapport à l'année dernière.

L'arrière de la voiture :
L'aileron arrière sera plus large et plus haut que l'an passé. Il pourra toujours être composé de deux éléments au maximum dont un mobile, actionné par le DRS. Cela ayant pour but d'envoyer l'air perturbé plus haut pour moins gêner la voiture suiveuse. Il est positionné plus haut que lors des années précédentes (910 mm contre 870) et il est plus large (1230 mm contre 1050). Sa forme arrondie est limitée par un angle de 20°.

En bas de l'aileron, les deux ailettes (beam wing) sont de nouveau autorisées. Ces ailettes servent à aspirer l’air qui sort du soubassement et à l’éjecter vers le haut. Signalons qu'une distance minimale entre l’échappement et la beam wing entre en vigueur afin de dissuader les équipes de tenter de souffler cet aileron avec les gaz d’échappement.

Le diffuseur est plus long, plus haut et plus étroit qu'en 2021. Cette année il mesurera 7,5cm de large (maximum) contre 10,5cm en 2021. En hauteur, il ne pourra varier que de 20cm à 31cm. Les limitations d’inclinaison empêcheront les équipes d’orienter les ailettes constituant le diffuseur vers l’extérieur comme ce fut le cas lors des années précédentes.

Les finances : 
Du côté des finances, vous le savez, en F1, l'argent a un impact très important. Plus vous en avez, plus vous pouvez développer votre voiture et plus vous augmentez vos chances de marquer de gros points. En 2020 par exemple, le budget de Mercedes était de 535 millions de dollars et de 522 pour Ferrari. Derrière, Red Bull ne pouvait compter "que" sur 453 millions, Renault 341 et McLaren 291. Vous l'aurez compris, McLaren qui était la cinquième des dix équipes au niveau des budgets en avait déjà presque deux fois moins que Mercedes. En bas du classement, Haas n'avait que 163 millions soit plus de trois fois moins que Mercedes. Eh bien en 2022, tout change drastiquement !

Les budgets sont déjà plafonnés depuis l'an dernier et en 2022, il sera d'un montant maximum de 140 millions par équipe et de 135 en 2023. En soit, ça ne changera pas tellement la vie de la majorité des équipes sauf pour les trois grosses que l'on voit toujours devant. Sur ces 140 millions, l'achat du moteur, le salaire des pilotes et des trois personnes les mieux payées de chaque équipe ainsi que le transport, le coût de l'inscription au championnat et de la communication ne seront pas pris en compte dans ce plafond budgétaire.

Nous aurons une idée de l'effet de ces changements dès les premiers essais hivernaux car les pilotes donneront forcément leur premiers avis. Pour ce qui est des dépassements et des performances de chacun, il faudra attendre le premier Grand Prix de la saison, programmé le 20 mars à Bahreïn.

En attendant, sachez que Ferrari présentera sa voiture ce jeudi 17 février à 14h00. Les premiers essais hivernaux se déroulent à Barcelone du 23 au 25 février avant de prendre la direction de Bahreïn pour trois autres jours d'essais, du 10 au 12 mars.

Images tirées du blog de Jean-Louis Moncet.

Photo : gazzettadellosport.it